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Léon Pourtau


Bord de rivière et village


1894
Huile sur carton
16,2 × 25 cm
Signée et dédicacée en bas à gauche : « À mon très cher ami Dorias. Souvenirs de bonnes amitiés et ses bons moments. . . ensemble ; L. Pourtau 1894 »

Provenance
Collection François Dorias, peintre et ami de l’artiste.
Collection particulière.

Bibliographie
Gilles Caillaud, Hélène Bailly-Marcilhac & Charles Bailly, Léon Pourtau: vie et oeuvre d’un pionnier du pointillisme: essai de catalogue raisonné, Éditions Skira, Milan, 2014, n°29, reproduit p.115.

Un extrait d’article de presse consacré à L. Pourtau par Le Soleil (11 juillet 1898) a été collé au dos du tableau ; en voici la transcription :

La peinture l’attirait et le prenait tout entier. Au premier moment de liberté il partait pour les bois des environs de Paris avec sa boite à couleur et il copiait la nature, jamais satisfait, toujours inquiet de lui-même, au lieu qu’en musique, quand il avait étudié et réussi à bien jouer un solo très ardu, il disait à son entourage d’amis : « Dieu ! Que c’est ennuyeux la musique! Une fois qu’on tient un morceau, on sent qu’on ne l’exécutera jamais mieux, il n’y a plus rien à chercher. »
Il rougissait en somme d’être musicien, la musique était pour lui son gagne-pain, mais rien de plus. Dans son entourage, on savait que pour le faire enrager il n’y avait qu’à parler obstinément musique : l’effet était irrésistible. Pourtau se lançait dans les théories qui lui étaient chères sur l’idée de continuelle perfectibilité où plutôt d’incessante imperfection de la peinture, opposée à la perfection mécanique, mathématique de la musique. Il ne se calmait que quand il finissait par s’apercevoir qu’on avait simplement voulu le plaisanter en exprimant un avis contraire, mais il espérait toujours au fond avoir convaincu son contradicteur.
La maison qu’il avait louée à Lyon, une modeste habitation enfouie dans la verdure, à mi-côte de la colline de Fourvière, était exquise de simplicité ; elle disparaissait dans la charmille, les roses et les glycines, le jardin était luxuriant de végétation, tellement luxuriant qu’on avait de la peine à s’y frayer un chemin, tant l’herbe y poussait dru. Pourtau s’installait dans les broussailles ou dans les fleurs, et là, éperdu de rêve et de poésie, il cherchait à rendre le spectacle qu’il avait sous les yeux. Mais la fatalité voulut encore que se fût la musique qui l’emportât dans la lutte. Un jour il joua dans un concert, un imprésario américain l’entendit émerveillé et lui fit des offres superbes pour qu’il vint donner des auditions à Boston : soixante mille francs pour trois ans avec traité renouvelable. C’était la fortune. Pourtau, après trois années d’exil, revenait avec sa femme pour revoir son pays natal, revoir ses amis : Il n’aura pu réaliser son rêve.
Pour me prouver qu’il n’oubliait pas la peinture, il m’avait adressé de Boston, il y a deux ans, une exquise carte de visite, un tableautin représentant un passage au bord d’une rivière. Pourtau était un pointilliste tout à fait distingué. Sans se laisser déborder par le procédé, il savait donner à la toile une lumière, une vibration tout à fait intenses. Sa peinture se vendait du reste fort bien en Amérique. Avec quel soin pieux je vais garder son dernier souvenir ! La mer et la mort sont vraiment impitoyables.

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